Le samedi 24 septembre, au lendemain du 39e colloque des Amis de Léoncel, a eu lieu la troisième marche commentée de l’année.
Le projet était de parcourir, le matin, les environs immédiats de Châteauneuf-sur-Isère (pour compléter la visite du village faite après le colloque de 2017 – voir le Cahier de Léoncel n° 28) et, l’après-midi, de visiter les restes de l’abbaye de Vernaison (objet du 39e colloque) et de voir une partie des aménagements hydroélectriques de la basse Isère, qui ont tant modifié les paysages et l’économie du territoire.
La visite de Vernaison a suivi les interventions au colloque des Amis de Léoncel de la veille et permis d’apprécier les travaux menés par le propriétaire : rénovation d’une habitation, mise hors d’eau du bâtiment de l’abbesse de Monteynard, sécurisation des accès aux restes des bâtiments monastiques. Les travaux de fond sur ces bâtiments monastiques n’ont pas commencé, faute d’un financement complet du projet. L’aide de la Fondation du Patrimoine doit être complétée par des aides privées et par le public. Une souscription est ouverte par la Fondation du Patrimoine : il revient bien aux amateurs des sites cisterciens drômois de participer à cette oeuvre !
https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/abbaye-de-vernaison-a-chateauneuf-sur-isere
Les marcheurs ont été accueillis et guidés par Gérard Roch, exploitant agricole, élu local, mais aussi l’un des responsables de l’association Châteauneuf Histoire et Patrimoine. La marche a réuni 25 personnes, membres des Amis de Léoncel ou « amis des Amis » intéressés par les sujets commentés.
Le chemin des carriers
La municipalité de Châteauneuf a organisé des circuits de visite de la commune, de plus ou moins longue distance, centrés sur la découverte du patrimoine naturel et humain. Le chemin des carriers est le plus long, faisant sur 9 km le tour de la colline de Châteauneuf et finissant au Châtelard. Ce circuit permet de voir des traces de l’extraction de la molasse : carrières, chemins. Gérard Roch, l’un des concepteurs du chemin et rédacteurs des panneaux de présentation, a pu commenter avec beaucoup de précision les paysages et les sites.
Accueil par Gérard Roch, place des Pierres
Le quartier des Baumes sur la rive gauche de l’Isère : la proximité de la rivière, permettant un transport par eau, explique l’importance et la durée de l’exploitation de la molasse de Châteauneuf.
Vue vers le hameau des Monestiers, implantation originelle de l’abbaye de Vernaison.
Le chemin des carriers passe dans les zones d’extraction de la molasse mais aussi dans les vergers nombreux : Châteauneuf est un centre d’arboriculture extrêmement actif. On appréciera le logo décorant les panneaux, stylisant les carrières de mollasse.
Des panneaux d’information botanique sont disposés de loin en loin sur le chemin des carriers. Ici, un panneau signale la présence de cormiers. D’où un échange entre les marcheurs et Chantal Hugouvieux, botaniste, sur cet arbre et ses usages.
Un mûrier blanc mérite un commentaire : c’est l’un des témoins du passé séricicole de la commune.
Linaire commune, en pleine floraison.
Excavation sur le bord du chemin : cave, début de carrière ?
Les concepteurs du chemin rappellent le lien entre Châteauneuf et Léoncel, par la personne de Hugues de Châteauneuf, abbé de Léoncel puis de Bonnevaux (voir les Cahiers de Léoncel n° 27 et n° 28). De Châteauneuf, on voit distinctement la Tête Chauve et le col de Tourniol. On notera l’aspect desséché des branchages, à l’issue d’un été chaud et sec.
Traversée de la route de Bourg-de-Péage par une passerelle, assurant la sécurité des nombreux usagers du chemin.
Gérard Roch commente l’arrivée de l’eau d’irrigation à Châteauneuf, élément de sa spécialisation arboricole. Un grand réservoir permet l’irrigation sous pression.
Un peu après le réservoir du Télégraphe, vue sur un territoire, formé par les glaciations anciennes, où l’on a trouvé les premières traces humaines de la Drôme.
Retour au village par des ruelles permettant d’admirer de belles constructions en molasse.
Montée au Châtelard. Discussion sur l’origine du toponyme : le château médiéval connu n’était pas sur cette colline. En existait-il un autre, ou est-ce simple métonymie : une colline escarpée appelle un château ?
Repas tiré des sacs à l’entrée des carrières du Châtelard. Jean-Marc Vacher présente les modes d’exploitation de la molasse, amenant aux formes actuelles, puis explique, au pied du front de taille, la formation des bancs de pierre.
L’ABBAYE DE VERNAISON
Après le repas, le groupe se retrouve à Vernaison, pour une visite exceptionnelle du site, trop dangereux pour une ouverture au public. L’accueil est fait par Alexandre Clut, propriétaire, et la visite est menée par Lucas Bobillon, réalisant actuellement une étude sur les bâtiments, présentée la veille au colloque (et qui fera l’objet d’une publication dans le Cahier de Léoncel n° 33).
Abside de l’abbatiale
Aile érigée par l’abbesse de Monteynard, à la fin du XVIIIe siècle.
La porte à gauche correspond vraisemblablement à l’escalier joignant l’aile nord du transept au dortoir des moniales. Dans le mur, des armoires liturgiques.
Mur nord du bâtiment monastique : au rez-de-chaussée, on repère la salle capitulaire aux colonnettes sculptées, et à l’étage, le dortoir.
Tour de l’église. Lucas Bobillon fait remarquer différents détails architecturaux, ouvrant la discussion sur l’interprétation de tels ou tels éléments. La voute alterne molasse et tuf, pour un effet esthétique marqué. Deux chapiteaux sont encore en place.
LE BARRAGE DE LA VANELLE
La dernière étape de la journée se fait à La Vanelle, lieu-dit où s’est édifié un barrage sur l’Isère, dans l’immédiat après-guerre. Jean-Marc Vacher explique les étapes de domestication de la basse Isère, créant un paysage inconnu jusqu’alors, participant à l’électrification de la région et à l’irrigation du territoire.
La stabilisation du niveau de l’eau a entraîné l’installation de roselières, peuplées d’oiseaux aquatiques.