Après vous être attardés sur la façade occidentale (1) rhabillée au XVIIIe siècle et qui reproduit le plan traditionnel à trois nefs, les bas-côtés étant matérialisés au nord par la porte des morts (2) qui donnait accès au cimetière, et au sud par la porte des vivants (3) par laquelle les convers accédaient aux bâtiments conventuels, c’est par le portail (4) ouvert lorsque l’église devint paroissiale que vous pénétrez dans l’église abbatiale de Léoncel.
Vous découvrez d’abord un volume (5) : l’espace est divisé en une nef centrale (6) voûtée d’ogives, à laquelle sont accolés deux collatéraux à berceaux rampants (7).
La nef proéminente s’élève sur deux étages : les grandes arcades qui retombent sur de massives piles carrées (8) et l’étage des claires-voies dont les ouvertures présentent de multiples exemples de chapiteaux à décor végétal de la fin du XIIe siècle.
Avant de passer sous l’un des arcs brisés (9) des grandes arcades et de vous diriger dans le bas-côté nord vers le transept, attardez-vous, en levant les yeux vers le solin (10) conservé au-dessus de l’arc triomphal qui sépare le chevet de la nef. Il matérialise la pente du toit d’une première église alors à nef unique.
En vous dirigeant vers le croisillon nord, vous longez les arcatures aveugles (11) qui rythment les murs gouttereaux des bas-côtés, puis par l’un des accès d’origine (12) vous accédez au chevet tri-absidial.
L’abside centrale de plan méridional (13), percée de trois fenêtres symboliques, s’ouvre sur la croisée du transept (14) couverte d’une coupole octogonale sur trompes dans laquelle un oculus a été aménagé tardivement. Un lutrin de bois peint rescapé du mobilier du XVIIIe siècle et une crédence Renaissance (ou élément de décoration du cloître du XVIe siècle), dite « stèle de Bacchus » (15), y sont exposés.
Avant de rejoindre le bas-côté par la première porte des vivants (17), exercez votre regard à déceler les traces d’arrachements de l’escalier et du palier qui donnaient accès au dortoir situé dans le prolongement du croisillon sud.
À votre gauche, comme les profès, vous accéderez à l’emplacement du cloître médiéval (18), avec son bénitier toujours en place.
En poussant la porte, vous découvrez un décor surprenant, comprenant une niche à destination probablement funéraire, datant de la Renaissance, fait de fleurons et de swastikas, symbole de la lumière et de « bon augure » (19).
Puis vous reprenez votre cheminement dans le bas-côté sud, en passant sous un Christ de bois (20), copie du XIXe siècle d’une œuvre plus ancienne vendue à la Révolution.
Enfin, avant de quitter la fraîcheur et l’obscurité abbatiales, vous vous arrêterez devant les armoiries des abbés commendataires de Léoncel (21).
Dans la lumière et la chaleur du jour retrouvées, vous flânez le long du mur gouttereau sud, à l’emplacement de la galerie de collation du cloître, en admirant les gravures en arêtes de poisson (22) servant à sceller les pierres entre elles, et mises ici en décor lors du remontage moderne du mur.
Avant de pénétrer dans les ruines de l’abbaye du XVIIIe siècle, réaménagée par la commune, attardez-vous sur l’élévation latérale extérieure qui rend en volumes l’agencement interne (23). Si les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle ne sont conservés que dans l’enveloppe architecturale, en poussant la porte vous découvrez l’entrée de la salle capitulaire médiévale (24).
Comme dans de nombreux cloîtres cisterciens, l’entrée était cantonnée de deux baies à ouvertures jumelées qui donnaient sur la galerie du chapitre (25) et qui servent aujourd’hui de hall d’accueil.
Celle du sud, seule accessible, se compose de deux colonnettes accolées supportant des chapiteaux à feuilles d’eau (26).
Son pendant, ainsi que l’armarium (27), sont conservés dans la partie nord de l’aile servant aujourd’hui de mairie.
Avant de quitter les lieux, n’hésitez pas à faire le tour de l’église, en prenant l’allée qui longe le cimetière (28) pour vous promener vers le chevet (29) en contemplant l’impressionnant étalement des volumes et notamment le clocher à deux étages, dont le premier percé de quatre baies jumelées.
LES CHAPITEAUX DE LÉONCEL
Une mention particulière doit être faite pour les chapiteaux de Léoncel. Dans la nef, vous découvrez, étonné sans doute, trente-deux chapiteaux, harmonieux, à décors végétaux, dont la présence est inattendue dans une église cistercienne. Douze surmontent les colonnes engagées supportant les arcs doubleaux, vingt autres plus petits couronnent les colonnettes qui encadrent les fenêtres et soutiennent leurs archivoltes. Tous se réfèrent à des feuillages stylisés, ayant peu de rapport avec des feuillages naturels. Dans le clocher, des quatre chapiteaux des baies géminées, un seul est de facture purement cistercienne, avec ses quatre grandes feuilles d’eau, lisses. Les trois autres, beaucoup plus ouvragés, pourraient être des réemplois. Dans le cloître, les quatre chapiteaux des deux baies à ouvertures jumelées (25-26 du plan), à l’entrée de la salle du chapitre, sont conformes à la simplicité voulue par Saint Bernard, avec leurs feuilles d’eau découpées sans nulle ciselure.